Ceta : parfum de guerre commerciale à Paris
© L'alsace, Mardi le 23 Juillet 2019
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« Ayez le courage de dire non » au Ceta, a tonné lundi dans une tribune sur Franceinfo Nicolas Hulot. L'écologiste dénonce une porte ouverte à des produits ne respectant pas les normes de l'Europe sur l'environnement et la santé.
Macron répond à Hulot
« Quand on s'est battu pour améliorer un texte [...], on ne peut pas dire quelques mois plus tard le contraire. Ou alors il fallait le dire quand on était en responsabilité », a rétorqué le président à son ancien ministre. « La ratification de cet accord va dans le bon sens ». Position logique : Emmanuel Macron avait été le seul candidat présidentiel à défendre le Ceta, attaqué par François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
C'est un accord « pour les multinationales », critique aujourd'hui le PS. Il est dangereux pour nos éleveurs bovins, accusent Les Républicains et le Rassemblement national... En face, le ministre Jean-Baptiste Lemoyne dénonce « des craintes imaginaires », par exemple sur les importations de bovins, qui ne devraient pas augmenter compte tenu des capacités productrices du Canada.
Mondialisation « heureuse » ?
Le débat est à la fois très technique et très passionné. Saturé d'expertises et d'idéologies. D'un côté, Nicolas Hulot affirme : « Le libre-échange est à l'origine de tous les problèmes écologiques ». Jean-Philippe Lemoyne répond : « Un accord de libre-échange est là pour tirer vers le haut un certain nombre de partenaires en matière environnementale, sociale et agricole. »
C'est le retour du grand clivage de la mondialisation. En 1998, Alain Minc publiait la « Mondialisation heureuse ». L'année suivante, il y a donc vingt ans, José Bové et les altermondialistes bloquaient la réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, aux États-Unis.
Et d'autres à l'horizon...
La polémique sur le libre-échange n'est jamais retombée. Elle est désormais alimentée par le président des États-Unis. S'il se moque de l'environnement, Donald Trump dénonce les conséquences sociales et prêche la priorité nationale contre les accords internationaux.
Le Ceta devrait franchir l'obstacle français. Mais d'autres traités se profilent. Avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), critiqué aussitôt que signé fin juin. Avec le Vietnam. Et surtout avec les États-Unis, qui tentent de relancer le projet de Tafta (ou TTIP) abandonné fin 2016, après des années de polémiques. Le vote de ce mardi a un parfum d'avant-goût.
Francis BROCHET