Région | politique—Grand Est Olivier Becht propose de transférer les compétences de la Région à la CEA
- mardi 19 mars 2024
- Édition(s) : Sarre-Union, Saverne, Wissembourg, Haguenau, Molsheim - Schirmeck
Olivier Becht propose de transférer les compétences de la Région à la CEA
Convié avec les autres parlementaires de la majorité présidentielle à dîner, mardi 12 mars, avec le Premier ministre Gabriel Attal, Olivier Becht en a profité pour plaider une nouvelle fois en faveur d’un transfert des compétences régionales à la CEA. Au grand dam de l’exécutif du conseil régional du Grand Est.
Les relations entre le conseil régional du Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) n’ont jamais été simples, mais un simple article de presse semble avoir suffi à les tendre brusquement. En fin de semaine dernière, nos confrères duFigaro se font l’écho d’un dîner organisé le 12 mars à Matignon . Autour de la table, ce soir-là, l’ensemble des parlementaires alsaciens de la majorité présidentielle, dont Olivier Becht, qui en profite pour proposer à Gabriel Attal « que la CEA puisse récupérer les compétences régionales dans le cadre d’une expérimentation ». Rien de compliqué pour y parvenir, argumente en substance l’ancien membre du gouvernement Borne , tout juste redevenu député (apparenté Renaissance) du Haut-Rhin : « Il suffit d’une loi ordinaire, et même d’un amendement à une loi relative à la décentralisation pour que la CEA soit pionnière et retrouve les compétences de l’Alsace [NDLR, c’est-à-dire de l’ancien conseil régional d’Alsace]. »
Liberté de parole retrouvée
Fort de sa « liberté de parole retrouvée », Olivier Becht tenait déjà les mêmes propos dans nos colonnes , il y a tout juste trois semaines (nos éditions du 26 février) : une telle évolution institutionnelle, assurait-il alors, « éliminerait une strate de collectivité, simplifierait le “millefeuille” et ferait sortir l’Alsace du Grand Est ». Plus loin dans le temps encore, Olivier Becht comptait en 2013 parmi les plus chauds partisans du projet (mort-né) de conseil unique d’Alsace. Difficile donc d’être surpris par sa plaidoirie auprès de Gabriel Attal… Laquelle, sitôt connue, n’en a pas moins déclenché émotion, indignation et même colère du côté de l’exécutif régional du Grand Est, qui a rapidement diffusé deux communiqués cinglants, le samedi 16 mars.
« Des excuses sont attendues »
Le premier est signé Valérie Debord, vice-présidente du conseil régional et présidente du groupe majoritaire. Extraits : « Dans un propos tenu en présence du Premier ministre […], Olivier Becht a déclaré que “même si le Grand Est gardait une seule compétence, par exemple l’achat du papier toilette dans les lycées, ce serait encore de trop pour les Alsaciens” […]. Derrière l’image, il y a d’abord une expression blessante [qui] porte préjudice aux 7 500 agents et élus régionaux […]. Des excuses sont pour le moins attendues. »
Le second communiqué émane de Christian Debève, lui aussi vice-président, au nom des élus alsaciens de la majorité régionale : « Olivier Becht aurait-il en plus perdu la mémoire ? […] En effet lors de l’étape, à Strasbourg, du journal La Tribune, il a fait les déclarations suivantes […] : « La région Grand Est montre la voie en matière d’exportation, [elle] est un exemple de vitalité économique” […]. Finalement, des détracteurs qui mettent autant en valeur la région Grand Est, on en redemande ! »
« Ils ont compris que les choses sérieuses allaient commencer »
Réaction flegmatique d’Olivier Becht, qui n’envisage pas de présenter des excuses : « La vivacité de leur réaction montre qu’ils ont compris que les choses sérieuses allaient commencer. » « La réalité est toute simple, poursuit-il ce lundi matin 18 mars. Le rattachement forcé de l’Alsace au Grand Est en 2015 a été vécu ici comme un outrage. J’ai le plus grand respect pour la région et ses agents, et je n’ai pas pris cet exemple du papier toilette pour blesser ou caricaturer, mais pour illustrer le fait qu’il s’agit d’une question de principe : une seule compétence maintenue serait encore une de trop. Ni le président de la République, ni le Premier ministre n’ont aujourd’hui l’intention de rouvrir la carte des grandes régions. La seule solution, dès lors, est celle que je propose : transférer l’ensemble des compétences du Grand Est à la CEA. Il faut avoir ce geste pionnier, qui montrera qu’on peut simplifier le « mille-feuille” en supprimant une strate administrative et en créant des économies. »
À l’heure où Bercy entend diminuer les dépenses publiques de 10 milliards d’euros sur le seul exercice en cours, l’argument a sans doute plus de chance d’être entendu que la revendication d’une réforme territoriale en bonne et due forme. D’où, peut-être, la subite nervosité qui a accueilli cette proposition, connue de longue date sur le fond.
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